Ecole et nature : éduquer à la solidarité du vivant
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Il est 9 heures, nous sommes au Parc Blossac à Poitiers dans le cadre des Journées d’Été des Ecologistes 2022, sur l’estrade du pavillon Amazonie. Le public est là, encore un peu ensommeillé suite à un coucher tardif. La veille, l’excellent spectacle « Végane ou presque » aussi percutant qu’émouvant de Charlotte Talpaert a interpellé les spectateurs sur la manière dont nous traitons les animaux. Et ce matin, la question animale s’invite à nouveau dans une table ronde, prouvant l’évolution du sujet dans l’espace public et politique.

Organisé par Nathalie Fromont et Edith Lecherbonnier, toutes deux membres de la commission éducation, l’atelier intitulé « Ecole et nature : éduquer à la solidarité du vivant » réunit Cédric Villani, député de l’Essonne, Laura Nicolas, maîtresse de conférence en Sciences du langage et en Sciences de l’éducation à l’Université Paris Est Créteil Val de Marne, Hélène Paumier, enseignante et élue à la municipalité de Poitiers, en charge de l’éducation et Marie-Laure Laprade, enseignante, co-fondatrice et présidente de l’association Éducation Éthique Animale. 

Tous rappellent notre déconnexion à la nature, notre méconnaissance des autres espèces animales, nos relations de domination et d’exploitation poussées à leur paroxysme et dont nous constatons les effets délétères. Dans le contexte de la crise sanitaire, notre interdépendance au vivant éclate comme une révélation et pourtant depuis l’Antiquité de grands penseurs ont interrogé notre place dans la biosphère.

Il est aujourd’hui plus que jamais urgent que l’éducation de nos jeunes s’empare de ce sujet.

Après avoir établi un constat mitigé, les quatre invités de cette table ronde évoquent la place des animaux et de la nature ainsi que de l’éthique dans les enseignements, rappelant le rôle émancipatoire de l’école. Pour remplir cette mission, l’éducation des jeunes en passe par des connaissances scientifiques actualisées, le développement de l’esprit critique et de l’empathie, l’émergence de questionnements éthiques. Mais dans un contexte de déconnexion de la nature et de méconnaissance des vivants, une formation efficace s’appuie au moins autant sur la conscience, la sensibilité que sur les connaissances. Faire l’expérience de la nature, ressentir, écouter, observer les animaux dans leur milieu naturel et leurs interactions multiples et complexes sont essentiels pour connaître et comprendre le monde vivant. Et depuis peu, les incitations institutionnelles aux sorties en nature sont un tremplin formidable pour développer l’école dehors dont les vertus pour les jeunes sont indéniables et largement documentées. Tandis que les jeunes sont invités à explorer toute la gamme des sensations, des émotions et à les exprimer, à être attentifs et créatifs, à échanger, à s’engager activement, les enseignants et autres éducateurs adoptent nécessairement une posture différente de celle qu’ils ont en classe.

Tant par la transmission de savoirs et par des débats éclairés en classe que par les connaissances expérientielles hors les murs, il est crucial de nous relier à la nature, au vivant et en particulier aux animaux. Les plus jeunes ont une attraction innée pour eux, une curiosité pour le monde qui les entoure, les éducateurs que nous sommes peuvent entretenir cette connexion, il est devenu urgent et crucial de le faire.

Marie-Laure LAPRADE, membre de la Commission Condition Animale co-fondatrice et présidente de l’association Éducation Éthique Animale.