Le lobby de la chasse altère-t-il le sens politique?
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Une lame de fond traverse nos sociétés, et elle bouscule le vieux monde : nous, Françaises et Français, avons pris la mesure du poids que nous faisons tous peser sur la biodiversité et l’immense majorité d’entre nous demande à ce que la faune et la flore sauvages soient mieux protégées.

Monsieur le Président, mesdames et messieurs les députés, mesdames et messieurs les sénateurs, ne le voyez-vous pas ? Ne l’entendez-vous pas ?

Le goût du sang et de la mort violente défendus par certains altèrent-ils vos sens à ce point ?

Ou êtes-vous dans l’incapacité de vous défaire des lunettes déformantes que vous ont remis les représentants auto proclamés de la ruralité et des traditions ?

Car aucun représentant politique ne saurait sciemment faire fi d’un tel changement sociétal qui annonce un rapport entre espèces vivantes plus équilibré, et non plus des espèces animales au service de l’espèce humaine.

Au 1er janvier 2020, vous projetez de faire fusionner l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage et de l’Agence Française pour la Biodiversité en un unique Office Français de la Biodiversité et de la Chasse.

Alors que la biodiversité s’effondre à un rythme dramatique, les débats au Sénat portent sur l’utilité de la chasse pour garantir “l’équilibre des espèces”. Aux sénateurs nous demandons plutôt de se questionner sur l’utilité écologique de tirer sur du gibier d’élevage, qui constitue près de la moitié des animaux tirés par les chasseurs en France.

Devant les terres qui s’artificialisent et se fragmentent à une vitesse impressionnante, dégradant toujours plus les habitats des animaux sauvages, vous répondez en diminuant les surfaces des réserves de chasse. Les sénateurs auraient-ils pour but d’enrayer le phénomène de disparition des chasseurs plutôt que celui de la faune sauvage ? Pourtant seule cette dernière est absolument nécessaire à la biodiversité et au maintien de la vie humaine sur terre.

Dans le même mouvement de pensée réactionnaire, vous projetez d’entériner les modes de chasse dits “traditionnels”, tels que le piégeage des grives à la glu ou la capture d’oiseaux à l’aide de filets ou de collets, comme faisant partie du « patrimoine cynégétique national ». A ce titre, ces méthodes cruelles seront « reconnues et protégées ». Est-ce là cet héritage barbare que vous voulez léguer à nos enfants ? Ils n’en voudront pas.

Et comble de l’absurde, en total contresens avec l’époque, aux citoyens qui s’aviseraient d’« empêcher, entraver ou gêner l’acte de chasse ou le déroulement d’une action de chasse en cours » vous brandissez la menace d’un an d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende? Là encore, nous nous permettons de vous rappeler à votre devoir de représentation du peuple, lequel est constitué de 84% de Françaises et de Français opposés à  la chasse à courre (sondage IFOP 2017), criminalisés face à la petite dizaine de milliers de pratiquants de la chasse à courre.

Monsieur le Président,

Mesdames et messieurs les sénateurs

Mesdames et messieurs les députés,

Nous vous demandons de prendre la mesure de l’effondrement incommensurable que connaît la biodiversité, laquelle a besoin d’espaces sauvages et protégés.

Nous nous permettons de vous rappeler à votre devoir d’œuvrer pour le bien commun et de mettre votre énergie ainsi que les voies législatives qui vous ont été confiées par le peuple au services de notre cause commune : protéger la faune et la flore sauvage qui sont notre patrimoine à tous.

Yannick JADOT
Tête de liste écologiste et candidat à l’élection européenne

David CORMAND
Secrétaire national d’EELV et candidat à l’élection européenne

Anna MAILLARD
Candidate EELV aux élections européennes (représentante de la Franche-Comté)
Co-responsable nationale de la Commission Condition Animale – EELV

Pauline COUVENT
Co-responsable nationale de la Commission Condition Animale – EELV

Retrouvez le texte mis en forme ici.