Il y a quelques jours la Mairie de Paris s’est lancée dans des « opérations coup de poing » contre les rats dont la population aurait connu une croissance exponentielle depuis quelques mois.
Donc 12 parcs et jardins fermés pendant plusieurs jours afin que les sociétés de dératisation puissent se livrer en toute tranquillité à l’élimination massive de ces dits « nuisibles ». Par la méthode la plus archaïque et la plus cruelle : la mort par empoisonnement et plus précisément par l’effet de graines imprégnées d’anticoagulants. C’est-à-dire que des hémorragies multiples vont se déclencher dans le corps de l’animal lui causant de terribles souffrances et une agonie qui peut aller de 4 à 7 jours.
Comment peut-on autoriser de telles méthodes, qui in fine sont des actes de cruauté caractérisés ? Le seul motif qui pourrait éventuellement être recevable serait un péril imminent et majeur pour la santé humaine.
Est-ce le cas ? Non.
De l’avis même du Docteur Georges Salines – Chef du bureau de la santé environnementale et de l’hygiène à la Mairie de Paris – qui pourtant tente de justifier la pertinence de cette décision et qui se contredit entre la première phrase et les suivantes :« Les rats sont une menace sanitaire réelle. Il n’y a pas de risque de maladie ou de peste… Que les Parisiens se rassurent. Mais ce sont des problèmes de propreté ainsi qu’un réel désagrément visuel et psychologique»
Mais il est nécessaire d’invoquer la menace sanitaire pour justifier une telle opération ! Quitte à dire qu’il n’y a aucun risque à la phrase suivante…
Si de tels massacres sont possibles – alors qu’ils provoqueraient l’indignation générale s’il s’agissait d’autres animaux plus familiers – c’est bien parce que le rat est totalement diabolisé et ce depuis la Grande Peste !!!
Et pourtant les rats sont loin d’être les sales bestioles que nous décrivent complaisamment les entreprises de dératisation (pour s’en convaincre, ouvrir les liens suivants) :
https://blogs.mediapart.fr/jean-paul-richier/blog/111216/paris-en-guerre-contre-les-rats.
L’écologie urbaine ne peut se réduire au tri sélectif des déchets, aux pistes cyclables et aux murs végétalisés. L’écologie suppose un respect du vivant (animal et végétal) , une réflexion sur les relations qu’entretiennent les différents êtres vivants entre eux quels qu’ils soient, leur habitat, leur environnement… Il est de la responsabilité des élus de trouver les moyens d’établir (ou de rétablir) les équilibres nécessaires dans cet espace commun que nous partageons avec d’autres espèces à savoir l’écosystème particulier que constitue une ville.
Quelques propositions de solutions pour contrôler la reproduction des rats et les tenir éloignés de certaines zones :
· Un stérilisant sous forme d’un appât liquide et appétant, le « Contrapest » qui est commercialisé aux Etats-Unis par la société SENESTECH (et que la ville de New York a décidé d’utiliser),
· Des répulsifs par ultra-sons : voir par exemple les produits proposés par la société Avantek. C’est une solution plus coûteuse mais qui pourrait être réservée à certains lieux touristiques « fermés »,
· Des répulsifs naturels dans les parcs et jardins, les plantes dont les rats détestent l’odeur telles que la menthe et la marjolaine et également la sauge, l’eucalyptus et le laurier,
· La réintroduction dans les endroits propices des prédateurs des rongeurs (ou de ceux qu’ils perçoivent comme tels),
· La mise en place d’un traitement beaucoup plus efficace des déchets de denrées alimentaires (déchets qui sont autant de ressources pour les rats et les souris favorisant de facto leur reproduction).
Le Conseil de Paris a récemment voté pour la création d’une mission « condition animale » : « Cette mission traitera de la place des animaux (domestiques et non domestiques) à Paris, du respect de la biodiversité par la préservation de la faune existante sur le territoire parisien (oiseaux, insectes, poissons, batraciens, mammifères) ainsi que de la question des animaux dans les cirques. Une avancée importante pour la prise en compte dans les politiques municipales du bien-être animal ».
La commission condition animale se réjouit de cette initiative. Elle souhaite cependant attirer l’attention du Conseil de Paris sur le fait qu’il conviendra à l’avenir que la question des animaux dits « nuisibles » soit abordée avec intelligence et humanité, en partenariat avec les associations de protection de la nature et des animaux.
Photo : Rat par . Licence creative commons. Wikipedia